Accueil Immobilier Acheter sa résidence principale en SCI, est-ce vraiment une bonne idée ?

Acheter sa résidence principale en SCI, est-ce vraiment une bonne idée ?

Constituer le capital social d’une SCI, c’est un peu comme poser les premières pierres d’un édifice juridique : il faut des apports, parfois en numéraire, parfois en nature, parfois les deux. Autrement dit, verser une somme d’argent ou apporter un bien immobilier. Oui, votre résidence principale peut tout à fait entrer dans la danse. Dès la création, la société civile immobilière devient propriétaire de la maison ou de l’appartement. Ce mouvement n’est pas anodin : il ouvre la porte à des dispositifs fiscaux sur lesquels il vaut la peine de se pencher. Pour comprendre les contours et les subtilités de cette opération, l’idéal est de se référer à cette ressource qui détaille le fonctionnement d’une résidence principale dans une SCI.

Rappel sur la définition de résidence principale

La résidence principale, c’est le logement où l’on vit la majeure partie de l’année, à savoir plus de huit mois sur douze. Impossible d’attribuer ce statut à plusieurs adresses : une seule peut prétendre à ce rôle auprès de l’administration fiscale et du droit.

Apporter un bien immobilier à une SCI : comment ça marche ?

Les associés d’une SCI déterminent librement quels biens ils souhaitent intégrer comme apports en nature. Très souvent, le choix se matérialise dès la création de la société, mais intégrer un bien, résidence principale comprise, à tout moment reste possible. Tout apport doit figurer expressément dans les statuts et se formalise par acte notarié. En contrepartie, les associés reçoivent des parts sociales, calculées au prorata de la valeur du bien apporté, qui doit être estimée avec précision au regard du marché.

La valorisation du bien s’appuie sur sa situation géographique et ses caractéristiques. Recourir à un commissaire aux apports n’est généralement pas obligatoire, sauf cas particuliers : la responsabilité des associés reste engagée, tout particulièrement si la valeur est surestimée. Il demeure envisageable de réviser l’évaluation en fonction de l’évolution des prix. Pour un couple marié sous le régime de la communauté, il faut impérativement obtenir l’accord des deux conjoints pour inclure un logement commun dans le patrimoine de la SCI, surtout si l’objectif est locatif.

Après transfert, la résidence appartient à la société, fréquemment de type familiale, conférant ainsi une plus grande flexibilité : mise en location, hypothèque, ou simple garde au sein du cercle familial selon les besoins du moment.

Résidence principale en SCI : la question de la plus-value

Introduire sa résidence principale dans une SCI produit un effet comparable à une cession immobilière, pour l’administration fiscale. Cela enclenche le calcul d’une éventuelle plus-value immobilière : la différence entre la valeur des parts sociales reçues et le prix initial d’achat détermine la base imposable. Ce montant s’inscrit dans la déclaration des revenus fonciers, soumis à l’impôt sur les plus-values. Pourtant, si le logement transféré sert bel et bien de résidence principale à l’occupant, ce dernier bénéficie d’une exonération.

Lorsque les associés continuent d’habiter sur place sans verser de loyer, l’exonération s’applique au moment de la revente du bien. Selon que la SCI est imposée sur les revenus ou sur les sociétés, la fiscalité change. En cas d’imposition à l’IS et mise en location du bien à un associé, la plus-value est alors calculée à partir de la valeur nette comptable, ce qui rend la fiscalité nettement plus lourde. Dans nombre de cas, la détention en nom propre demeure plus avantageuse dès lors qu’il s’agit de taxation sur les plus-values. On note aussi qu’un projet de SCI, surtout avec travaux, peut entraîner des déficits fonciers et nécessite d’analyser la situation avant tout transfert ou revente de parts.

Avantages à loger sa résidence principale dans une SCI

Transmissions facilitées

L’un des grands intérêts d’une telle démarche reste la simplicité lorsque vient le temps de la succession. La transmission se fait par des donations de parts sociales, échelonnées dans le temps et profitant d’abattements renouvelés tous les quinze ans. Les statuts de la SCI sont modulables afin de répartir la gestion et préciser qui, parmi les bénéficiaires, profitera du produit d’une éventuelle cession.

Bon à savoir

Pour chaque enfant, l’abattement sur les donations de parts sociales atteint 100 000 euros, summe renouvelable tous les quinze ans.

Protection du patrimoine

La SCI constitue aussi un moyen solide de protéger les intérêts du couple et de la famille, notamment par le jeu du démembrement croisé des parts sociales : l’un peut détenir la nue-propriété, l’autre l’usufruit. Au décès de l’un, l’usufruit complète automatiquement la nue-propriété de l’autre, qui garde la pleine occupation du logement. Les autres héritiers n’ont pas la possibilité de remettre ce mécanisme en question et les droits de succession s’allègent d’autant.

Attention ! Pour sécuriser tout ceci, le démembrement croisé doit impérativement être prévu dans les statuts : le mariage, même avec contrat, ne garantit pas automatiquement la protection des biens placés en SCI.

Parts sociales réglées sur mesure

Le placement d’une résidence principale dans une SCI permet une répartition ajustable des parts sociales. On peut ainsi façonner la détention du logement selon la réalité familiale ou la stratégie patrimoniale de chacun.

Bon à savoir

Si l’apport en numéraire provient d’un compte commun, la loi considère que les parts appartiennent à parts égales au couple. Pour affecter les parts à une seule personne, il faut impérativement recourir à des fonds propres distincts.

Limites et écueils de la résidence principale en SCI

Ce type de montage ne va pas sans controverses ni risques. L’administration surveille de près les SCI créées juste avant une cession ou à l’issue de gros travaux, pouvant y voir une manœuvre fiscale discutable. S’il y a contestation, le coût peut rapidement grimper.

Autre point à ne pas perdre de vue : en cas de séparation, si les associés ne s’entendent plus sur la gestion, il est tout à fait possible pour l’un d’eux de demander en assemblée générale de retirer l’usage du logement à l’autre. Faute d’accord, des décisions collectives pourront aboutir à la location du bien ou à son retrait du giron familial.

En définitive, choisir la SCI pour sa résidence principale ne relève pas d’un calcul purement fiscal ou d’une simple intention de transmission. C’est accepter d’entrer dans une logique de gestion partagée, avec tout ce que cela suppose d’adaptations et de compromis. Mais la marche arrière n’existe pas : on n’efface pas d’un trait ce type de choix. Il s’agit de questionner sa situation familiale, ses objectifs, et de mesurer, au-delà des tableaux comparatifs, ce que l’on souhaite vraiment construire, ou protéger, pour soi et les siens.

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