Le coût d’une route ne dépend pas uniquement de sa longueur ou de la qualité des matériaux utilisés. Au fil des décennies, certains pays ont consacré des sommes inédites à la construction d’axes routiers, dépassant largement les budgets standard du secteur.
Des facteurs géologiques, climatiques ou politiques font exploser les coûts, générant des records rarement égalés. Ce phénomène place quelques États en tête du classement mondial, parfois pour des raisons inattendues.
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Plan de l'article
Pourquoi certaines routes coûtent-elles une fortune à construire ?
À La Réunion, la Nouvelle Route du Littoral fait figure d’exception planétaire. Deux milliards d’euros pour 12,3 kilomètres : le chiffre défie l’entendement. Mais ici, pas de miracle : cette ardoise s’explique ligne par ligne. La route serpente entre océan et falaise, suspendue au-dessus du vide, soumise à des caprices géologiques et météorologiques qui n’épargnent rien, ni les hommes, ni les machines. Les éboulements et les tempêtes sont le quotidien de ce chantier, et l’ancienne route, déjà épuisée par les décennies, accueillait chaque jour près de 60 000 véhicules, au mépris du danger.
Depuis le lancement en 2015 par Didier Robert, repris aujourd’hui par Huguette Bello, le projet a multiplié les défis. Le Conseil Régional de La Réunion, épaulé par l’État français (420 millions d’euros), a dû composer avec des contraintes inédites : viaducs en mer, ouvrages d’art massifs, ajustements de dernière minute face aux fureurs du littoral. Chaque mètre construit pèse lourd sur la facture finale.
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Plusieurs paramètres expliquent ces coûts hors normes :
- Topographie tourmentée : le relief volcanique impose une ingénierie sur-mesure, loin des standards continentaux.
- Météo imprévisible : vents impétueux, houles cycloniques, pluies diluviennes stoppent net les engins et repoussent les échéances.
- Impératif de sécurité : impossible de couper cette artère vitale, qui fait battre le cœur de l’île.
À ces contraintes physiques s’ajoutent un contexte juridique tendu, des marchés publics scrutés, et une série de contretemps techniques qui ont repoussé l’ouverture, générant des embouteillages monstres dès 2022 sur la portion livrée. La Nouvelle Route du Littoral, c’est le prix d’une nécessité : sécuriser, relier, moderniser, à n’importe quel coût.
Les pays qui rivalisent pour le titre de la route la plus chère
La France caracole en tête avec la Nouvelle Route du Littoral, mais la compétition s’organise. D’autres nations n’hésitent pas à signer des chèques à neuf zéros pour leurs infrastructures. Aux États-Unis, l’Interstate 405 de Los Angeles a englouti 1,6 milliard de dollars pour seulement 16 kilomètres : l’urbanisation extrême, les expropriations massives et la densité de circulation transforment chaque chantier en casse-tête financier.
La Chine, elle, joue la carte de la démesure. Le Viaduc de Danyang-Kunshan, étiré sur près de 165 kilomètres, a coûté 8,5 milliards de dollars. Le record mondial de la longueur, mais un coût au kilomètre bien plus raisonnable que celui de La Réunion. De son côté, la Suisse impressionne avec le Tunnel du Gotthard : 57 kilomètres à creuser dans la roche alpine pour plus de 10 milliards d’euros. Ici, chaque centime dépensé se justifie par la sécurité ferroviaire et la complexité géologique.
Voici quelques-unes des infrastructures les plus coûteuses recensées à travers le monde :
| Pays | Projet | Coût | Longueur |
|---|---|---|---|
| France | Nouvelle Route du Littoral | 2 milliards € | 12,3 km |
| États-Unis | Interstate 405 (Los Angeles) | 1,6 milliard $ | 16 km |
| Chine | Viaduc de Danyang-Kunshan | 8,5 milliards $ | 164,8 km |
| Suisse | Tunnel du Gotthard | 10 milliards € | 57 km |
| Kosovo | Autoroute du Kosovo | 1,3 milliard $ | 60 km |
L’Italie, quant à elle, décroche le record européen du péage au kilomètre avec l’A35 Brebemi en Lombardie, suivie de près par l’A36 et l’A14 française. Ces chiffres révèlent la diversité des modèles économiques et la complexité croissante des grands travaux routiers modernes.
Comparatif mondial : où se situent les routes les plus onéreuses ?
Impossible de rivaliser avec la Nouvelle Route du Littoral : deux milliards d’euros pour 12,3 kilomètres, la France s’offre la route la plus chère de la planète, toutes catégories confondues. Ce projet, mené par le Conseil Régional de La Réunion et largement financé par l’État, écrase les records jusque-là détenus par les géants asiatiques ou américains. Face à une telle démesure, même les chantiers pharaoniques ailleurs dans le monde paraissent presque sages.
La comparaison internationale laisse apparaître des écarts surprenants : l’Interstate 405 à Los Angeles affiche 1,6 milliard de dollars pour 16 kilomètres, quand le Viaduc de Danyang-Kunshan en Chine s’étire sur près de 165 kilomètres pour 8,5 milliards. En Suisse, le Tunnel du Gotthard, pourtant titanesque, ne rivalise pas au coût par kilomètre avec l’ouvrage réunionnais.
Le classement des péages les plus chers en Europe, quant à lui, illustre la diversité des modèles tarifaires :
- A35 Brebemi (Italie) : 2 €/10 km (péage record en Europe)
- A36 (Italie) : 1,93 €/10 km
- A14 (France) : 0,56 €/km
Le Kosovo interpelle aussi : 1,3 milliard de dollars pour 60 kilomètres, sur fond de polémiques et de négociations internationales houleuses. Malgré la longueur, le coût au kilomètre reste en deçà du record réunionnais.
À l’échelle mondiale, le palmarès des routes les plus chères s’établit autant sur la somme totale investie que sur le prix au kilomètre. La France et l’Italie dominent le podium européen, tandis que la Chine et la Suisse brillent par l’ampleur de leurs ouvrages.
Zoom sur des exemples emblématiques de routes aux coûts records
La Nouvelle Route du Littoral, sur l’île de La Réunion, s’impose comme référence absolue du coût au kilomètre. Reliant Saint-Denis à La Possession sur 12,3 kilomètres, ce projet hors norme, entamé en 2015, a déjà englouti 2 milliards d’euros. Huit kilomètres ont été mis en service en 2022 ; le reste attend encore, avec une livraison annoncée pour 2028. L’État a injecté 420 millions d’euros dans ce chantier supervisé par Didier Robert puis Huguette Bello.
Le tour du monde des routes records révèle d’autres cas frappants. À Los Angeles, l’Interstate 405 atteint 1,6 milliard de dollars pour 16 kilomètres. En Chine, le Viaduc de Danyang-Kunshan s’étale sur 164,8 kilomètres pour 8,5 milliards de dollars, record de longueur, mais ratio financier plus modeste. La Suisse, avec son tunnel du Gotthard (57 kilomètres et 10 milliards d’euros), illustre la prouesse technique sous contrainte géologique.
En matière de péages, l’Italie décroche la première place avec l’A35 Brebemi : 2 euros pour 10 kilomètres entre Brescia, Bergame et Milan. La France n’est pas loin derrière, avec l’A14, axe stratégique d’Île-de-France, à 0,56 euro du kilomètre.
Enfin, l’autoroute du Kosovo intrigue : 1,3 milliard de dollars pour 60 kilomètres, sur fond de controverses liées à l’attribution du marché à Bechtel, facilitée par l’intervention de l’ambassadeur Christopher Dell. Chaque projet, au-delà des chiffres, raconte une histoire singulière où se mêlent défis techniques, enjeux politiques et choix stratégiques.
À travers ces chantiers, le bitume se fait parfois vitrine, parfois casse-tête, toujours révélateur d’ambitions démesurées. Et demain, quel pays osera battre ce record ?